Luc Jamet, qui participe depuis longtemps déjà aux travaux de la Société Internationale d’Ethnographie et qui trace son propre chemin dans le secteur de la formation des enseignants, nous fait le plaisir de livrer à la lecture publique, le résultat de ses dernières investigations sur le sens du mémoire dans la formation des futurs enseignants.
Ce qui nous intéresse, c’est la manière dont Luc Jamet rend compte de la place de l’observation dans la pratique professionnelle et dans la relation éducative, et comment cette posture de recherche dans le quotidien minuscule produit des effets durables dans la structuration d’une expérience et d’une identité, selon le type d’engagement que l’étudiant s’autorise. Une typologie des mémoires est ainsi présentée en annexe. Luc Jamet convoque « l’œil ethnographique » pour produire l’analyse de tous ces mémoires d’étudiants, et c’est le fruit d’un investissement personnel important de sa part, qu’il transmet ainsi aux étudiants :
« Vous, les étudiants, m’avez embarqué, depuis presque deux années, dans un exercice
de lecture de vos mémoires. Mais de toute évidence, toute lecture est précédée
d’une écriture. Quelles sont les caractéristiques de l’engagement de l’étudiant dans
l’écriture du mémoire ? »
Voici sa présentation :
« Deux ans de travaux ont été nécessaires pour relire environ 150 mémoires de recherche professionnalisant dans le cadre du Master MEEF. (Master des Métiers de l’Education et de la Formation) 2d. Année du 1er. Et 2d. degré, écrits et soutenus sur quatre sites différents qui assurent cette formation et sur lesquels je suis intervenu ou j’interviens : Angers, Nantes, Rennes et Vannes. J’en ai retenu une soixantaine écrite individuellement ou en binôme, trinôme, quadrinôme. Les auteurs convoqués « mes partenaires épistémiques » (Douglas, Holmes, Marcus. 2008) ont été choisis « pour leur diversité intrinsèque ainsi que pour la variété des questions qu’ils soulèvent et les analyses qu’ils suscitent » (Vergnioux, 2009.9). D’une part, ce travail ne prétend pas construire une objectivité méthodologique mais une production anthropologique locale et située. D’autre part, il s’inscrit dans un processus de mon terrain de recherche associé à une expérience empirique documentée et à une méthodologie auto-ethnographique qui pointe des pistes de réflexion sur quelques parties retenues de la production écrite. A cet effet, ont été particulièrement ciblées : les remerciements, l’introduction, la conceptualisation, les techniques de recherche, la conclusion ; sans oublier les perceptions et les réalités de l’écrit, sa musicalité autour des transitions et des citations, la narration et les styles d’écriture. Ce « bricolage intellectuel » (Lévi-Strauss) s’est effectué en ayant recours à une analyse « descriptive, exploratoire, évaluative, explicative ou prédictive » (Post, Andrew.1982) et a connu comme prolongement une synthèse panoramique des mémoires sous forme de typologie.
Voici le rapport de 115 pages ainsi que la typologie: